C'est par une nuit d'insomnie, où les yeux grands ouverts tel un hibou sous amphet', que je décide d'arrêter de compter les moutons et les béliers et de descendre à la cuisine manger des biscottes au boursin ail et fines herbes (amis de la mauvaise haleine bonjour), et de te parler du dernier d'Isabel Allende.
Voici donc en avant première sur mon blog (ce qui demeure donc une avant première somme toute extrêmement modeste, voir très très humble; en tout cas aussi discrète que le rot d'une fourmi), le nouveau bouquin d' Isabel Allende (attention je l'ai lu en Espagnol, et il vient de sortir en Espagne il y a quelques mois, alors il te faudra attendre un petit peu avant de le voir par chez toi, si le traducteur respecte le titre, il devrait s'intituler "le cahier de Maya"). Bon cet auteur j'ai pas spécialement envie de la présenter car est de mon avis qu'elle est quand même connue comme auteur certainement autant que Marc Levy, je ne fais pas de comparaison incidieuse, j'évalue juste la renommée. Dans l'ombre du vent du doute, je vais quand même t' en toucher un mot, et te raconter un truc: je dirai que cette dame là c'est certainement la responsable initiale de mon amour pour la littérature sud-américaine. J'ai un truc comme 15 ans, en tout cas pas franchement plus, et je trouve soit dans la bibliothèque de mon bled ou de mon lycée "Eva Luna" d'Isabel Allende, l'histoire d'une gamine Eva Luna plus que super débrouillarde, sous fond de dictature de Pinochet. J'adore l'histoire et le prénom Eva Luna, j'aime tellement le prénom que pendant 14 ans environ j'ai clamé haut et fort que j'appellerai ma fille ainsi quand j'en aurai une, voilà pour la petite histoire. J'ai pas appelé franchement tout à fait ma fille comme çà, les mystères de la grossesse sont des paramètres infaillibles malgré le poids d'une conviction de 14 années, mais j'ai gardé une racine d'un des prénoms et je l'ai tuning'isé, et du coup quand même dans le prénom de ma fille il y a aussi un hommage à Isabel Allende (parenthèse confession intime fermée). Isabel Allende est plus que connue pour "La Maison aux esprits", que je me sens comme une quiche car je l'ai pas encore lu, grande romancière d'histoires familiales genre comme "Portrait Sepia", elle est forcée à l'éxil pendant la dictature de Pinochet (son père est le cousin de Salvador Allende, que je te rappelle en 2 mots que c'est lui que Pinochet a viré de ses bottes de militaire foireux, et l'a précipité vers la mort, sa mort et celle de la démocratie chilienne entre autres horreurs ). En somme je veux pas t'en dire plus d'Isabel Allende car petit a) j'ai pas le temps, et petit b) c'est une dame qui fait que du best seller = donc plus que connue, non ?, et petit c) j'ai pas du tout le temps. Nah ça c'est fait.
"El cuaderno de Maya" c'est l'histoire de Maya Vidal, 19 ans, née à Berkeley, Californie, et qui presque du jour au lendemain bascule du côté obscure de la force, et se retrouve droguée, vagabondant dans les rues de Las Vegas, affrontant, bravant et subissant tous les dangers de sa vie qu'elle a abandonné à un triste sort. Elle doit sa rédemption à de petits anges gardiens et à son attachante grand-mère qui décide de la cacher (ah oui parce qu'elle est poursuivie par la police et des méchants) sur une île du Sud du Chili, Chiloé...
Alors ce bouquin ? et bien je ne suis pas convaincue à 100%. Why? et bien parce que dans ce livre elle donne la voix à une gamine qui a autour de 19 ans, enfin une ado, post ado quoi, et que le ton de sa voix, ses mots coincent car ils ne coincident en rien à celle d'une fille de cet âge. On sent que c'est une femme d'âge mûre qu'il y a derrière, et je trouve que c'est super dommage car ça ôte beaucoup de crédibilité à cette voix, à cette gamine. Là dessus je suis assez stricte mais si on prend le choix en tant qu'écrivain de raconter à la première personne, au présent, une personne d'un âge qui ne correspond ni de près, ni de loin à l'âge de l'écrivain en question, et bien on s'y colle. C'est à dire on s'acharne à ne pas seulement raconter des faits qui certes eux coïncident avec cette tranche d'âge, on travaille aussi la voix, le ton, la justesse d'un ton qui raisonne avec l'âge de cette fille, avec notamment un vocabulaire adapté (entre autres). Je n'ai pas réussi à être dupe à y voir vraiment la voix d'une fille de cet âge, j'y ai juste vu un auteur qui d'ailleurs reconnaît que ce personnage l'a fait souffrir comme aucun jusqu'à présent, car c'est un personnage avec un passif et un présent complexe, torturé, qui aurait pu être un petit chef d'oeuvre si le ton avait coïncidé avec celui de la véritable Maya, qu'il y avait certainement dans le coeur de la création de l'auteur. De plus tant que j'en suis à ajouter des éléments qui remettent en cause mon manque de coup de coeur pour ce bouquin, c'est je dirai, mais ça c'est de mon humble avis, une salvation (oui ça se dit moyen je sais) un peu trop rapide de Maya, qui ex droguée, ex vagabonde, ex petite délinquante, ex petit corps de bout de femme mis en misère, qui du jour au lendemain voit son salut et se retrouve cachée (je te rappelle qu'elle est recherchée par des méchants et des gens de la loi) dans une petite île du sud du Chili, Chiloé, et là elle commence à voir la beauté du monde, de la nature, des plaisirs simples de la vie. Je ne dis pas que la résilience ne me semble pas être à la portée de ce genre de profil à problèmes, j'y crois dur à la résilience, mais disons que j'aurais aimé que ce soit pas aussi instantané, un peu naîf, presque aussi facile, j'aurais désiré qu'il y ait encore des doutes, de la souffrance, des sentiments contradictoires et torturés, qui aurait aussi ajouté de la crédibilité au texte. Voilà je trouve que Maya s'en sort un peu trop les doigts dans le nez et à la vitesse de l'éclair, et je trouve que même médicalement c'est discutable (oui j'ai fait des études de médecine) (enfin comme tout le monde en regardant Urgences). Voilà c'est dit, ça reste sympathique et l'histoire ne manque pas d'originalité et d'audace, mais je ne suis pas convaincue à 100%, alors voilà je voulais le dire. Nah ça c'est fait.
Bon de toute manière Isabel Allende, c'est un auteur chouette bien que je me suis vue l'obligation cette fois ci de nuancer mon enthousiasme, j'ai envie de lire d'elle aussi cette bio "Mon pays réinventé" et puis comme je te le disais il faut que je lise " La Maison aux Esprits", je crois que c'est presque un devoir pour moi de lire ce dernier.
Allez je te laisse j'arrive plus à penser, je sais même plus comment je m'appelle tellement je suis fatiguée, alors je te parle même pas de te réciter la table de multiplication de 2. Je retourne de ce pas sous ma couette et vais essayer de compter les chamois, je vais voir si c'est plus soporifique que les moutons et les béliers. Ou je vais me faire une intraveineuse de tisane de valériane et de fleur d'oranger.
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